Quelque part en Suisse, semaine 3

Les choses se mettent place. Gentiment, mais sûrement (à la manière helvétique, en fait!).

Je me trouve maintenant fixe dans le service de réanimation non-Covid. Les stratégies se mettent en place: le matériel est commandé, il y a évidemment des doublons et des choses qui manquent! Les opérations non urgentes sont déprogrammées, mais certaines interventions (particulièrement lorsqu’il s’agit de cancer) ne peuvent pas être ajournées.

Ma mission est aussi plus claire: encadrer des infirmières qui n’ont pas l’habitude des soins intensifs afin qu’elles puissent être à l’aise avec les papiers et les différents documents (j’en ai parlé dans mon précédent billet, il me semble).

Pour le moment, c’est assez simple: les infirmières que j’ai pu encadrer avaient déjà un peu l’habitude de la réanimation, ce qui fait que les soins, les gestes routiniers des soins intensifs ne sont pas une nouveauté.
Le gag, pour moi, c’est que ça fait depuis le mois de juillet que je n’ai plus travaillé dans le milieu des soins intensifs et que les feuilles ont changé! Bref, l’instructrice que je suis doit aussi se remettre au goût du jour!

Je parlais plus haut des interventions qui ne peuvent pas être repoussées… il se passe un truc un peu extraordinaire: les patients aux Soins intensifs sont plus instables et plus gravement atteints actuellement que durant les 4 ans où je travaillais dans le service! comme si tout devait s’accélérer…

Et du coup, viennent aussi les questions: comment faire pour accompagner des patients gravement atteints, peut-être proches de la fin alors que les visites de la familles sont déconseillées? comment être dans le « care » alors que tout va dans le « cure » (en langage plus clair: comment faire une prise en soins globale d’un patient, en aidant, suppléant et encadrant la personne alors que dans ces moments difficiles, de crise, on va se réfugier plus facilement dans le traitement) ? Les Soins intensifs sont en salle de réveil, lieu qui est situé dans l’enceinte du bloc opératoire. Cela signifie que, contrairement à ce qui se fait d’habitude là où je travaille, les familles ne peuvent venir que par 2 personnes, doivent mettre blouses, sur chaussures et charlottes sur la tête. Ils n’osent plus prendre la main de leur proche, et (évidemment) ils vont éviter d’embrasser le membre de la famille malade.
C’est dur, car les gens grièvement atteints ont besoin de contact, d’avoir leurs proches près d’eux et de se sentir entourés, aimés…

Se sentir impuissants, dépassés, mais essayer de faire au mieux… même si je reste une « planquée », en étant dans un service « Non-Covid », je me sens faire partie d’un tout.
Alors, merci pour vos applaudissements à 21 heures (en Suisse), merci de penser à nous les soignants (du professeur au personnel de la logistique, en passant par les aides-soignants, les gens du ménage, les gens de la cuisine), mais aussi merci à ceux qui font que la vie continue: informaticiens, électriciens, employés des grandes, petites et moyennes surfaces, les postiers, etc…

Une réflexion au sujet de « Quelque part en Suisse, semaine 3 »

  1. Je suis sûre que vous arriverez à faire au mieux pour accompagner et soigner vos patients. Ne lâchez rien, courage, vous êtes formidables !
    Bises heidi !

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